137e Folie : Lettres du Père Noël


Plus connu pour ses travaux universitaires et pour l'invention de la Terre du Milieu, J.R.R. Tolkien est aussi un formidable auteur de contes pour enfants. Comme Bilbo le Hobbit et Roverandom, les Lettres du Père Noël ont d'abord été destinées à ses trois fils et à sa fille, auxquels, chaque année, entre 1920 et 1943, Tolkien a écrit une lettre (parfois deux) prétendument envoyée du Pôle Nord par le Père Noël ou l'Ours Polaire.
Ces trente lettres (dont quinze traduites pour la première fois, dans cette édition revue et augmentée) forment un récit très prenant des aventures du Père Noël et de l'Ours du Pôle Nord, et de leurs démêlés avec les gobelins, qui plaira aux enfants, à leurs parents, et surprendra plus d'un amoureux de Tolkien.


J'ai fini ce livre il y a quelques mois, je l'ai lu en pointillé, pour le faire durer, tellement c'est magique. Il avait vraiment un don pour créer des univers, encore une fois tout est cohérent et réfléchi. Il ne fait jamais d'erreurs en oubliant quelque chose qu'il avait dit auparavant.

Le gros reproche que je fais à l'édition française de Pocket, c'est la liberté prise dans la traduction. Beaucoup des lettres originales, du moins une partie de la lettre car parfois elles étaient très longues, étaient reproduites en vis-à-vis du texte français. Et pour quelqu'un qui lit l'anglais, on se rend compte que certaines phrases ont été traduites assez librement. Ce n'est pas dramatique, mais parfois on s'éloigne quand même assez du sens original du texte.

J'aurais aussi tendance à reprocher à Pocket de n'avoir semble-t-il traduit qu'une partie des lettres, et de ne pas avoir reproduit toutes les lettres et surtout les dessins faits par Tolkien lui-même. Tolkien dit dans ses lettres en étant le Père NoËl donc, qu'il ne dessine pas très bien, mais pour ma part je ne suis pas d'accord. C'est certain que ces dessins ne sont pas égaux à ceux d'un dessinateur professionnel, mais ils sont quand même plutôt bons je trouve.

En résumé, voilà un livre de Tolkien à la fois différent et semblable au Seigneur des Anneaux. Différent dans le sens où il ne se passe pas dans le même univers et qu'il est plus "simple", mais semblable dans la mesure où on retrouve sa capacité à créer un univers cohérent et "réaliste". N'hésitez pas à vous le procurer, par contre peut-être que la version anglaise d'origine sera mieux et plus complète.

136e Folie : Frey, tome 1


Frey est le capitaine de l'aéronef Ketty fay : un séducteur invétéré et une fripouille notoire. Avec son groupe d'aventuriers, ils vivent d'activités illégales en se cachant des frégates de la Coalition. Entre les coups de feu, les lames bien affûtées, et même la magie noire, la mort n'est jamais loin.
Aussi, lorsque Frey entend parler d'un navire chargé d'un trésor qui a tout d'une proie facile, il croit que sa fortune est faite. Mais l'opération tourne mal et notre ami devient l'ennemi public numéro un, avec toutes les forces de la Coalition à ses trousses...


Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat entre :
Milady ET Livraddict

Voilà un livre qui ne laisse pas le temps de s'ennuyer. Ici on est dans l'action pure, il n'y a pas vraiment de moment calme, et quand il y en a, il est très rapidement brisé par un évènement soudain.

Les personnages ne sont pas forcément attachants au départ, on en connaît très peu sur eux, ils forment un assemblage de personnes qui ne semble pas vraiment aller ensemble, mais le "cap'taine" Frey est assez charismatique, et du coup on se prend vite d'amitié pour lui. On se rend compte que c'est un petit escroc pas méchant qui essaye juste de survivre tant bien que mal.

L'histoire est bien conçue et ne laisse pas un instant de répit, on veut toujours savoir ce qu'il y a ensuite, savoir comment l'équipage de la Ketty Jay va réussir à se tirer des situations impossibles dans lesquelles il a le don de se fourrer.

C'est intéressant aussi au fil de l'histoire, au détour de conversations avec d'autres membres de l'équipage, ou avec des personnes extérieures d'en apprendre un peu plus sur le passé de chacun, et ce qui l'a amené dans la situation de s'engager sur l'aéronef de Frey. Chaque histoire du personnage est intéressante et souvent tragique. Cela permet de mieux les cerner, de mieux les apprécier et les comprendre. Les relations entre les personnages évoluent aussi, et c'est un vrai plaisir d'observer tout ça.

Le monde imaginé par Chris Wooding est plutôt crédible, une sorte de western futuriste, mélé de quelques éléments de magie et de pirates. Tous ces éléments donne quelque chose de plutôt savoureux à lire, et très haut en couleurs.

Pour l'anecdote, beaucoup de choses dans ce livre m'ont fait penser à la "défunte" série télévisée de Joss Whedon : "Firefly", qui est aussi une sorte de western spatial. D'ailleurs dans ma tête, Frey avait le visage de Nathan Fillion qui jouait Malcolm Reynolds le personnage principal.

Pour ma part j'ai adoré ce livre, un vrai coup de cœur pour moi et je lirais sans hésitation la suite pour le plaisir de retrouver Frey, la Ketty Jay et son équipage hétéroclite. Je sais que certains lecteurs l'ont beaucoup moins aimé, ont trouvé que c'était un livre de simple divertissement, mais pour ma part je le trouve plus profond et plus recherché que ce qu'il semble être au premier abord. De plus je ne suis pas d'accord avec la classification en Fantasy, parce que même s'il y a un peu de magie, celle-ci est presque anecdotique, on est à mon avis nettement plus dans un univers de SF.

Je remercie encore Milady et Livraddict pour m'avoir permis de découvrir ce livre fantastique.

135e Folie : La Roue du Temps, tome 02 : L'Œil du monde



Cinq d'entre eux viennent du Champ d'Edmond : Rand, Mat, Perrin, Egwene et Nynaeve. Trois sont des étrangers : la Dame Moiraine, le guerrier Lan et le ménestrel Thom. Ils sont huit compagnons qui cherchent Tar Valon, la cité forte.
Le Seigneur de l'Ombre a jadis voulu conquérir la terre mais les Aes Sedai, maîtresses du pouvoir unique, l'ont repoussé. Pour se venger, il a inspiré à ses vainqueurs une folie meurtrière. Où est le Dragon qui guidait les Aes Sedai ? On dit qu'un jour il renaîtra pour délivrer l'univers. Mais quand ?
Grâce à Moiraine et à ses pouvoirs, les aventuriers échappent à bien des dangers, mais quand des géants ténébreux, les Trollocs, se lancent à leur poursuite, ils se dispersent : Mat et Rand descendent le fleuve en bateau ; Egwene et Perrin le traversent à la nage. Se retrouveront-ils au rendez-vous convenu : Caemlyn, capitale du royaume d'Andor, étape sur la route de Tar Valon ?


Voilà donc la suite de la Roue du Temps, dont j'avais lu le premier tome en début d'année. On se rend compte tout de suite en commençant la lecture, qu'en réalité il ne s'agit pas d'un deuxième tome, mais bien de la suite du premier livre, celui-ci ayant été coupé en deux par les éditeurs français. Du coup, il m'a fallu quelques pages pour me rappeler l'intrigue et me remettre les personnages bien en tête. Donc pour ceux qui n'aiment pas être perdus comme ça, je leur conseillerais plutôt de le lire immédiatement après le premier "tome".
L'histoire "commence" de manière quasiment aussi lente que le premier, l'auteur prend bien son temps pour mettre en place les évènements. Et puis, au fur et à mesure, subtilement, sans accélération brutale, l'histoire s'accélère, et d'un coup on se rend compte qu'on est en plein dans l'action sans qu'on l'ait vu arriver, ce qui est plutôt appréciable car cela veut dire qu'il n'y a pas de rupture brusque. Tout se déroule comme des évènements peuvent arriver en vrai, par succession de petites choses.
De manière générale, les personnages évoluent beaucoup plus que dans le premier tome.
Mat est peut-être celui qui est le plus différent pendant l'histoire, fini les blagues et les plaisanteries pour lui, et place à un personnage assez antipathique et inquiétant, même si ce n'est pas entièrement sa faute.
Perrin change aussi, notamment de par sa rencontre avec certains personnages mais je trouve qu'au final il n'en ressort pas si différent, même si visiblement ses changements inquiètent Moiraine.
Egwene, la jeune fille qui était partie avec nos trois compagnons change un peu aussi, mais surtout elle est pour moi un personnage particulièrement agaçant avec une jalousie mal placée et ridicule à l'égard de Rand.
Il y a aussi Nynaeve, la "Sagesse" qui les avait suivis pour tenter de les ramener au village. On sent aussi des changements plus subtils chez elle, elle ne supporte toujours pas Moiraine, mais son attitude est pourtant moins hostile.
Rand enfin est peut-être le personnage qui change le moins au cours de l'histoire, personnage perdu, ne sachant plus très bien qui il est et s'accrochant à de maigres bribes de son histoire. C'est pourtant aussi paradoxalement le personnage qui changera le plus, mais beaucoup plus tard, vers la fin de l'histoire.
Au final, j'ai trouvé cette deuxième partie beaucoup plus vivante et intéressante que la première, je n'ai pas eu cette impression d'ennui que j'avais pu parfois ressentir dans le premier livre.
L'histoire m'a semblé s'intéresser plus aux personnages, à leur évolutions, à leurs aspirations qu'à l'intrigue même qui était le point de départ, j'ai d'ailleurs trouvé la fin assez vite expédiée, mais peut-être que des choses m'ont échappées et que la suite me montrera que c'était plus subtil.
Je lirais donc avec plaisir la suite de cette série.

134e Folie : Le Cycle de Fondation, tome 1 : Fondation


En ce début de treizième millénaire, l'Empire n'a jamais été aussi puissant, aussi étendu à travers toute la galaxie. C'est dans sa capitale, Trantor, que l'éminent savant Hari Seldon invente la psychohistoire, une science nouvelle permettant de prédire l'avenir. Grâce à elle, Seldon prévoit l'effondrement de l'Empire d'ici trois siècles, suivi d'une ère de ténèbres de trente mille ans. Réduire cette période à mille ans est peut-être possible, à condition de mener à terme son projet : la Fondation, chargée de rassembler toutes les connaissances humaines. Une entreprise visionnaire qui rencontre de nombreux et puissants détracteurs...

Comment parler de Fondation ? Ce n'est pas évident... Alors déjà contrairement à ce qu'on peut lire parfois, Fondation est bien un roman. Certes sa construction est particulière puisqu'il a été composé à partir de nouvelles. Mais tout cela a été arrangé de former un tout sous forme du roman Fondation.
Fondation, c'est l'idée qu'on puisse prédire le futur global, le futur de milliards de milliards d'individus, mais qu'il soit impossible de le prédire à l'échelle individuelle. Et encore faut-il que les milliards de milliards d'individus ne soient pas au courant de ce que l'on a prédit, sinon cela pourrait changer les choses.
Il ne faut pas non plus lire ce livre en s'attendant à trouver des récits de conquêtes, de batailles ou de technologies ultra-perfectionnées. Non, ici Asimov nous présente un livre qui n'est pratiquement composé que de dialogues, on trouve peu de descriptions et encore moins de scènes d'action. Le ton est forcément très politique, puisque l'idée directrice est que la Fondation, qui est en fait le personnage principal de l'histoire bien plus que les différents protagonistes, a pour but de diminuer le chaos qui suivra la chute de l'Empire, et ça sans même savoir comment.
On assiste donc à l'évolution de la Fondation, époque après époque, crise après crise. On rage contre les imbéciles qui ne comprennent pas comment doivent se passer les choses pour que l'avenir prévu par Seldon puisse arriver. Pourtant, il est difficile de s'attacher ou de détester réellement les personnages, étant donné le court temps que l'on passe avec chacun d'eux. En fait, le roman est construit réellement comme la psychohistoire de Seldon, à savoir que l'individu importe peu ou pas du tout, que seule l'ensemble global est important, seule la Fondation importe, les personnages ne sont là que pour la servir et la faire avancer dans la bonne direction.
Cette construction fait qu'on a un léger pincement au cœur lorsque l'on quitte les personnages à la fin de chaque "partie", mais qu'on a en même temps hâte de savoir comment la Fondation aura évolué dans la prochaine "partie" et quelles surprises elle nous réserve. C'est ainsi qu'au final, on arrive à la fin du livre et qu'on se dit qu'on a envie de savoir les futures évolutions de la Fondation, et de savoir si finalement le plan de Seldon fonctionnera ou non.
Pour ma part vous l'aurez compris, j'ai adoré relire ce livre, car je le connaissais déjà et je l'avais déjà adoré la première fois et je vais m'empresser de lire les suites.
Il existe des "préquelles" à Fondation, mais elles ont (comme beaucoup de préquelles) été écrites ultérieurement, et je conseille plutôt de commencer directement par Fondation.

5/18

133e Folie : De l'égarement à travers les livres


"Qui lit trop devient fou." Tel est sans doute l'étrange enseignement de ce livre inclassable, à la fois roman et jeu de piste.
Atteint d'un étrange syndrome au nom barbare qui signifie "De l'égarement à travers les livres", le narrateur est contacté par une société secrète, Le Cénacle troglodyte, afin de devenir "détective littéraire". Derrière l'histoire de la littérature, il existe une autre histoire que l'on ignore. Aussi, le narrateur va-t-il devoir faire la lumière sur diverses affaires à la fois mystérieuses et secrètes.
Où se trouve le corps de Voltaire ? Pourquoi Lewis Carroll a-t-il inventé le personnage d'Alice au pays des merveilles ? Qui est cet écrivain fantastique qui a perdu son ombre ? Pourquoi, derrière Lovecraft, existe-t-il un autre personnage qui ne manque pas non plus d'imagination ?
Entre fiction et fantastique, c'est une littérature des coulisses qui est peu à peu dévoilée. Mais attention ! derrière les apparences, il se cache sans doute une autre vérité...


Voilà un livre qui porte bien son nom ! Nul doute qu'après la lecture de ce livre vous en ressortirez égaré, ne sachant pas bien ce que vous avez lu : roman, essai, ensemble de biographies, biographie de l'auteur..., ni même à quel genre il pourrait bien appartenir : fantastique, occultisme, ésotérisme...
Je me garderais bien pour ma part de choisir où le classer car je pense justement que l'auteur a voulu passer par-dessus ces étiquettes que l'on affecte tous aux livres.
En tout cas, c'est un livre qui ne m'a pas laissé indifférent, je dois dire que j'ai plutôt apprécié, même si en le refermant je n'ai pas l'impression d'être plus avancé sur ce qu'à voulu faire passer l'auteur. Si on le prend au sens premier, il semble que toute une partie de la vie et du sens de l’œuvre de nombre d'auteurs restent cachés, jamais abordés.
Il semble en tout cas que tous les personnages "célèbres" abordés dans ce livre aient réellement existé, tout semble donc dire que le contenu de ce livre est vrai, excepté la fameuse maladie, la "bibliopathonomadie" dont les symptômes tels qu'ils sont décrits pourtant pourraient facilement décrire ce que nombre de gens vivent tous les jours.
C'est en tout cas un livre qui se lit facilement et rapidement, et qui s'il peut laisser perplexe donnera certainement envie d'en savoir un peu plus sur les différentes œuvres et les différents personnages intrigants disséminés tout au long de l'ouvrage. Il y a d'ailleurs une abondante bibliographie dans les pages finales qui permettra à chacun d'approfondir les sujets abordés.
Au final, un livre intrigant, qui ne manquera pas de laisser perplexe, à la frontière de l'imaginaire et du réel. Un livre pour les curieux.