70e Folie : Le C.V. de Dieu

Le C.V. de Dieu
de
Jean-Louis Fournier

Le ciel était fini, la terre était finie, les animaux étaient finis, l'homme était fini. Dieu pensa qu'il était fini aussi, et sombra dans une profonde mélancolie. il ne savait à quoi se mettre. Il fit un peu de poterie, pétrit une boule de terre, mais le coeur n'y était plus. Il n'avait plus confiance en lui, il avait perdu la foi. Dieu ne croyait plus en Dieu. Il lui fallait d'urgence de l'activité, de nouveaux projets, de gros chantiers. Il décida alors de chercher du travail, et, comme tout un chacun, il rédigea son curriculum vitae...

Il y a quelques jours j'ai reçu ce petit livre très marrant envoyé par Dieu elle-même, elle l'avait même dédicacé !! C'était une grosse surprise parce que je ne m'y attendais pas.
J'ai donc lu dès réception quelques pages, et ça s'annonçait fort prometteur. Puis je l'ai mis de côté ayant déjà un livre en cours, pour le reprendre finalement ce matin. Alors c'est vraiment un petit livre qui se lit très vite, 137 pages qui se lisent en trois quarts d'heure, une heure... Il faut dire que c'est écrit assez gros, avec des parties assez courtes, une page entière de prise pour une phrase de titre de partie, des pages blanches pour séparer les parties...
Ce livre est en fait une succession d'entretiens d'embauche entre Dieu et un Directeur du personnel qui étudie minutieusement le C.V. du Tout-Puissant, et qui revient sur certains points. Ce qui donne lieu à des échanges plutôt comiques et savoureux, surtout bien évidemment les réponses de Dieu aux questions que l'on lui pose. Certaines parties commencent par des copies de tests psychologiques et autres que l'on a fait passer à Dieu, ou par un résumé de son emploi du temps de la journée, on trouve même une reproduction de plusieurs courriers échangés entre Dieu et "Sa Sainteté", ces courriers sont forts savoureux et c'est personnellement la partie que j'ai préféré (tout spécialement la fin de cette partie) même si l'ensemble du livre est vraiment très bien écrit et rempli d'un humour un peu caustique envers Dieu certes, mais également envers les Humains qui en prennent pour leur grade également.
Au final je n'ai pas vu le temps passé à la lecture de ce petit livre, il est même peut-être un peu dommage qu'il n'ait pas été un peu plus long. J'ai aussi le sentiment que ce livre pourrait se décliner (ou aurait pu être) sous d'autres formes, théâtre, série de sketchs, BD, Dessin Animé... J'ai vraiment beaucoup aimé, et je remercie doublement Dieu (celle qui m'a envoyé le livre, et celui du dit livre) de m'avoir fait passer un si bon moment avec un livre que je n'aurais pourtant certainement pas acheté de moi-même.

69e Folie : Bilbo le hobbit


Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible qui n'aime pas être dérangé quand il est à table. Mais un jour, sa tranquillité est troublée par la venue d'un magicien nommé Gandalf, et de treize nains barbus qui n'ont qu'une idée en tête : récupérer le trésor de leurs ancêtres, volé par Smaug le dragon sur la Montagne Solitaire. Suite à un malentendu, Bilbo se retrouve malgré lui entraîné dans cette périlleuse expédition.

Bilbo est une histoire que J.R.R. Tolkien avait écrite pour ses enfants et qu'il ne pensait pas vraiment publier un jour. Et puis le manuscrit a commencé à circuler parmi ses proches et a finalement atterri chez un éditeur qui lui a demandé de le finir pour pouvoir l'imprimer. Et ça a donné Bilbo le hobbit.
L'histoire commence par la rencontre entre Bilbo et Gandalf, rencontre qui ne se passe d'ailleurs pas très bien. Suite à celle-ci, Bilbo se trouve embarqué dans une quête au trésor périlleuse en compagnie de treize nains.
Il se retrouve donc à devoir aller récupérer le trésor des nains, qui est sous la garde d'un gigantesque dragon terrifiant, tout ça par la faute de Gandalf qui l'a fait passer pour un cambrioleur de talent auprès de ceux-ci.
Bilbo sera donc plus ou moins contraint de partir à l'aventure en compagnie des nains. Le chemin jusqu'au lieu où se trouve le trésor est long et bien sûr périlleux et semé d'obstacles. Au début de l'histoire Bilbo est clairement à la traîne, ne pensant qu'à une chose retrouver le confort de son trou sous la colline, se plaignant continuellement, il est même à la limite d'être un poids mort pour les nains, mais au fur et à mesure que l'histoire avance et que certains évènements se produisent, Bilbo fait preuve de courage et de hardiesse, et petit à petit c'est même sur lui que les nains comptent pour prendre leurs décisions. C'est lui aussi qui lorsque la situation menace de tourner au drame à cause de l'entêtement du chef des nains a une idée brillante destinée à régler la situation, même si au final d'autres évènements feront que son n'aura pas la portée qu'elle aurait pu avoir.
Bilbo est un personnage très attachant, il est le type même de l'anti-héros qui se voit projeté dans une aventure contre son gré et qui donnerait tout pour y échapper. Il est marrant de le voir changer au fur et à mesure. Un point qui m'a gêné, mais qui n'est pas spécialement important, est que l'on nous décrit à plusieurs reprises Bilbo comme étant plus petit que les nains, mais pour ma part j'ai eu du mal à me le représenter comme tel...
Au final, Bilbo est un livre sympathique qui est plutôt orienté pour les jeunes adolescents mais qui se laissera lire sans problème par un public plus âgé.

68e Folie : Journal d'une bipolaire

Journal d'une bipolaire
de
Patrice Guillon, Émilie Guillon et Sébastien Samson

Le journal d’une bipolaire est le récit autobiographique bouleversant d’une jeune femme en proie à une fluctuation anormale des troubles de l’humeur.
Si le trouble bipolaire est une pathologie psychiatrique bien connue, rares sont les témoignages qui la présentent simplement, dans son apparition et ses conséquences sur le quotidien.


Ce livre est beau, simple et fort. Ce livre m'a vraiment touché. Il m'a également posé un souci quand je l'ai eu terminé. A savoir, comment j'allais pouvoir en parler. Est-ce que je devais me contenter de ne parler que du livre, rester basique comme à mon habitude...
En fait, ce livre m'a plus particulièrement touché parce que je suis moi aussi bipolaire. Donc il y a beaucoup de situations que vit Camille dans lesquels je me suis retrouvé...
Alors une précision, bien que la jeune auteur soit Émilie Guillon, et qu'il s'agisse bien d'une autobiographie, le personnage principal s'appelle Camille. On ne nous explique pas pourquoi, mais on peut raisonnablement supposer que c'est pour permettre à Émilie Guillon de prendre une certaine distance avec le récit.
Ce qui est intéressant aussi, c'est que l'histoire de Camille, est entrecoupée de moments dans le "présent", des moments où elle discute avec son père pour lui expliquer les choses, où des moments où elle veut tout arrêter "parce que ça ne sert à rien" et où deux jours plus tard on la voit qui téléphone à son père pour s'excuser.
Ces coupures dans le récit montrent qu'encore aujourd'hui tout n'est pas réglé pour Camille, qu'il y a encore des moments extrêmes.
Sinon l'histoire de Camille est vraiment très bien racontée, très touchante, et je pense qu'elle peut permettre de prendre conscience à quelqu'un qui ne connaît pas bien ou pas du tout cette maladie, des difficultés qu'il y a à vivre avec, et surtout des énormes difficultés à trouver un médecin capable de poser enfin un diagnostic correct. Pour Camille par exemple, il faudra presque 4 ans pour qu'enfin un médecin lui dise qu'elle est bipolaire.
Le récit est simple, juste, il ne tombe pas dans le misérabilisme et dans le pathos. On sent bien qu'Émilie Guillon n'a pas fait cette BD pour qu'on la plaigne, ou pour se plaindre. Elle a simplement souhaité laisser son témoignage sur quelque chose qui reste trop méconnu alors que cette maladie toucherait au moins 6 % de la population générale.
Le dessin est aussi très bien trouvé, pas un dessin noir surchargé qui aurait alourdi le récit, qui lui aurait peut-être donné une dimension pathétique. Au contraire, on a un dessin clair, qui se contente parfaitement de noir et blanc, qui renforce l'histoire. Certains le trouveront peut-être trop stylisé, pas assez réaliste, mais il me semble qu'un style plus poussé aurait desservi le propos. Contrairement à une BD traditionnelle, le dessin m'a semblé un peu plus secondaire par rapport au texte là où d'habitude il suffirait presque à raconter le récit. Non pas qu'il n'est pas important, mais on s'attache plus au texte et à ce que nous explique Camille, il est plus là pour appuyer le texte que l'inverse. Et il faut féliciter le dessinateur Sébastien Samson dont c'était apparemment la première BD, d'avoir su aussi bien mettre en images le difficile récit d'Émilie/Camille.
Je ne sais pas comment quelqu'un d'extérieur recevra ce témoignage, mais je dois dire que pour moi c'était parfois assez difficile, (non pas parce que c'était mauvais, mais parce que ça me touchait trop) et que j'ai dû découper ma lecture de cet album en plusieurs morceaux sur plusieurs jours.
J'espère en tout cas, comme le Dr Gay qui signe la postface que ce livre permettra à des gens confrontés à cette maladie de se reconnaître ou à des gens confrontés à des personnes dans ces situations de pouvoir enfin mieux les comprendre, et de réaliser qu'ils ne font pas semblant, que ce n'est pas quelque chose que l'on peut faire disparaître du jour au lendemain. Et il faudrait aussi que ce soit lu par les médecins qui trop souvent encore confondent bipolarité et dépression et bourrent les malades d'antidépresseurs ce qui amène bien souvent à des situations dramatiques.
Au final, c'est bien évidemment un coup de cœur pour moi, et j'espère qu'il pourra l'être pour de nombreux lecteurs.


21/30

67e Folie : Le Trop Grand Vide d'Alphonse Tabouret

Le Trop Grand Vide d'Alphonse Tabouret
de
Sibylline, Capucine et Jérôme d'Aviau

Il était une fois, Alphonse Tabouret. Il est né dans une forêt, avec le Monsieur, qui s’est un peu occupé de lui, mais pas très longtemps. Un jour le Monsieur se fâche, pour une broutille de rien du tout, et laisse Alphonse tout seul. C’est là que son périple commence. Au fil des rencontres, il découvre des gens, bestioles, bidules, qui le font grandir un peu et lui font vivre des aventures chouettes et sans trop le vouloir vraiment. Le T.G.V. d’Alphonse Tabouret, c’est une promenade un peu naïve et tendre, avec parfois des trucs rigolos.

Comment parler d'Alphonse Tabouret... C'est tellement magique et spécial que ce n'est pas évident de trouver les mots pour en parler, pour donner envie de le lire. Pourtant il faut le lire, une fois qu'on l'a dans les mains, on a bien du mal à le lâcher, on se dit "ho je vais lire juste cette page" et avant qu'on s'en rende compte on a avancé de 10 pages !!
Le TGV d'Alphonse Tabouret comme couramment abrégé est une BD. Mais pas une BD classique, ne vous attendez pas à trouver des bulles et des cases délimitant chaque dessin. Non les paroles des pesonnages sont retranscrites en bas de page avec en face un dessin de leur visage exprimant leur émotion. Dis comme ça ça peut paraître étrange, mais en fait ça marche très bien, et on n'y fait pas attention.
A première vu le dessin pourrait passer pour sommaire et basique, mais il faut s'y attarder pour comprendre qu'il est bien plus travaillé qu'il n'y paraît, et que cette impression de simplicité est là pour servir l'histoire.
On suit donc la vie d'un personnage qui sera appelé Alphonse Tabouret. En fait, le sujet est en quelque sorte la quête d'amitié et la découverte du monde par ce petit personnage à travers des rencontres insolites et touchantes, des moments plus mélancoliques, mais pourtant on n'est jamais dans le dramatique. A partir du moment où on ouvre le livre, on a le sourire tout le temps. Ce n'est pas que ce soit drôle, même si ça arrive, c'est surtout que c'est mignon, joli, beau même... Le style des phrases est également très bien trouvé. Elles sont simples et très parlantes, très imagées. C'est difficile à expliquer avec des mots il faut les voir pour comprendre.
En tout cas ces images "simples" avec ce texte "simple" (même si ce ne sont que des impressions et que derrière se cache une plus grande profondeur) font qu'on accroche bien à cette BD si particulière. BD qui pourra plaire aux grands comme aux petits, et il est d'ailleurs bien difficile de dire si elle a été pensé pour un public spécifique ou si au contraire elle a été pensé pour plaire au plus grand nombre, sans distinction d'âge.
Au final, on est là face à un véritable petit bijou, qu'on ne se lassera pas de lire et de relire, tant il donne le sourire à chaque fois. En tout cas pour ma part c'est un véritable coup de cœur !!
Allez aussi voir : Lyra et Sollyne qui en parlent également, et qui ont mis des images, moi je suis un gros paresseux qui n'en mets pas :P
Allez aussi voir chez Lelf qui en a parlé la première lors d'un de ses articles sur son passage à Quai des Bulles.


20/30

66e Folie : Le Visage de Dieu

Le Visage de Dieu
de
Igor et Grischka Bogadnov

Le " visage de Dieu " ? C'est l'expression qu'utilisa l'astrophysicien George Smoot (prix Nobel 2006) lorsque le 23 avril 1992, il réussit, grâce au satellite COBE, à prendre des photos de la naissance de l'univers tel qu'il émergeait des ténèbres cosmiques tout juste 380 000 ans après le Big Bang.
Depuis, cette expression a fait le tour du monde, déclenché la fureur des scientifiques, et bouleversé les croyants. Mais, par-delà ces quelques mots, quel est le fabuleux secret qui se cache derrière le " bébé univers " ? Pourquoi Smoot y a-t-il vu le " visage de Dieu " ? Ce livre - nourri des révélations fournies par le nouveau satellite Planck lancé le 14 mai 2009 - s'approche, comme jamais, de ce mystère suprême : l'instant même de la Création.
Trois des héros de cette fantastique aventure - Jim Peebles (prix Crafoord d'astronomie 2005), Robert W. Wilson (prix Nobel 1978) et John Mather (prix Nobel 2006) - ont postfacé cet ouvrage au fil duquel on s'avisera que la science, parfois, se confond avec la plus haute spiritualité.


D'abord, il faut reconnaître que ce livre se lit très facilement, les auteurs ont un très bon style qui coule bien. Excepté peut-être les deux trois derniers chapitres qui emploient quelques termes un peu plus techniques.
Bien sûr vu le sujet du livre, il faut avoir quelques notions de physique et d'astronomie, sinon bien que ce soit très simplifié on risque tout de même de ne pas comprendre grand-chose.
Les chapitres sont très courts, une dizaine de pages en moyenne. Ils se terminent toujours d'une manière qui donne envie de savoir ce qu'il y a ensuite.
Le résumé n'est pas forcément très explicite, s'attardant plus sur la fameuse expression du "Visage de Dieu" bien plus "spectaculaire". Il s'agit en fait principalement de retracer à grandes lignes et de manière simplifiée l'Histoire de l'Univers, et l'état des connaissances et des découvertes à son sujet depuis globalement le 20e siècle et plus précisément ces 50 dernières années.
C'est assez marrant d'apprendre par exemple qu'un génie comme Einstein était persuadé que l'Univers était fixe, n'avait pas de commencement et n'aurait jamais de fin. Il en était tellement convaincu qu'il traitait de manière méprisante et violente les rares scientifiques qui osaient essayer de prouver le contraire.
Et c'est également étrange d'apprendre que ce que la plupart d'entre nous apprend à l'école et tient pour acquis, à savoir le Big-Bang, n'a en réalité été prouvé qu'en 1965.
On apprend vraiment plein de choses intéressantes sur la manière dont les chercheurs ont, durant toutes ces années, fait ces découvertes, des tout premiers qui émettaient les hypothèses les plus folles en ne pouvant rien prouver, puis les suivants qui noircissaient des pages et des pages de calculs compliqués, jusqu'à nos jours où la plupart des anciennes comme des nouvelles hypothèses et théories peuvent être vérifiées à l'aide de satellites d'observation extrêmement puissants et capables d'une précision extrême.
On apprend également que l'Univers est ce qu'il est grâce à des "lois" extrêmement précises, jusqu'à plusieurs dizaines de décimales après la virgule. On pourrait se dire qu'une telle précision est étrange, et c'est exactement ce que se sont dit les chercheurs qui ont fait des simulations de calculs en prenant des valeurs légèrement supérieures ou inférieures, en augmentant ou diminuant simplement de 1 la dernière décimale... Et il s'avère que pour chacune de ces lois, changer simplement de 1 cette dernière décimale donne des résultats assez impressionnants, où dans tous les cas l'Univers tel que nous le connaissons n'existerait pas. Pas de galaxies, pas d'étoiles, pas de planètes et surtout pas de vie.
Et tout cas, cela amène de nombreux chercheurs à se dire, que tout cela est extrêmement bien calculé, et semble avoir une sorte de but, l'émergence de la vie. Et du coup un certain nombre pense qu'il pourrait y avoir quelque chose, une force, une sorte d'intelligence peut-être, derrière le Big-Bang.
C'est une hypothèse intéressante et séduisante, mais dont je me méfie un peu pour ma part, elle me fait un peu penser au créationnisme ou à la théorie du Dessein Intelligent. C'est le seul point de réserve que j'émettrais contre ce livre qui pour le reste est très bien conçu, très bien écrit, et formidablement documenté du fait des relations privilégiées des deux auteurs avec beaucoup des scientifiques dont il est question dans ce livre.